L’hôpital
Parallèlement à ma pratique libérale, j’ai été formé puis j'ai exercé plusieurs années auprès de patients en hôpital psychiatrique : des enfants et adolescents à l'hôpital « Bayen » de la Fondation Gombault-Darnaud, et des adultes à l'hôpital de jour de la Rochefoucauld, et l'hôpital de jour de Malakoff de la Fondation l’Élan retrouvé.
L’équipe de ces hôpitaux y défendait les principes toujours neufs de la psychothérapie institutionnelle, qui ont été élaborés par certaines figures majeures, telles que François Tosquelles, Lucien Bonnafé ou Jean Oury. Je reste fermement convaincu par la pertinence clinique de ces pratiques, qui prennent en compte la singularité de chacun et sa place en tant que membre de la Cité plutôt que simple patient, usager du dispositif de soin ou bénéficiaire de services de santé.
Cette pratique est fortement menacée de nos jours, dans un contexte de restriction d’accès aux soins psychiques et psychiatriques, de compression des capacités d’accueil, et d’orientation des patients vers des structures faites pour que le séjour ne soit pas durable. Un nombre croissant de patients se trouvent ainsi malmenés par l’injonction de retrouver au plus vite une vie dite « normale », avec un recours réitéré aux structures psychiatriques d’urgence. Hors de l'hôpital, certains y perdent de vue la possibilité d’un accueil. Les personnes vivant dans la rue sont éventuellement prises en charge par les autorités quand leur comportement est jugé dangereux – ce qui n'est pas sans répercussions policières et judiciaires. Le discours public se fait la chambre d’écho d’un rejet aussi bien de la folie que de la marginalité, au nom d’une commode inquiétude sécuritaire.